D'où viennent les fées de St-Barth…
"Je crois que j’avais besoin d'une pause, ou disons… de légèreté, de simplicité, et peut-être même d’une pointe
de naïveté."
L'année dernière, une sorte de sérénité m’a envahi, j’ai eu le sentiment de revenir d’un long voyage… J’ai alors, éprouvé
le besoin de retrouver, de redécouvrir, ce qu’il y avait autour de moi.
Pour moi, l’exilé… me sentir chez moi était un étrange sentiment. Mes pieds étaient posés sur une terre, et quelle qu’elle soit, elle était «
ma » terre.
Avais-je, enfant, couru, joué sur cette terre ? Peu m’importait finalement…
J’étais sur cette île depuis 20 ans, et il me semblait pourtant la découvrir, comme un nouveau territoire.
Au cours de mes travaux de recherche de ces dernières années, j’ai essayé de retrouver de vrais souvenirs d’enfant. Me rappeler les véritables sensations, les véritables images du passé, et pas
celles que l’on croit être les siennes, mais qui ne sont la plupart du temps que les histoires racontées par les parents.
Il est très difficile de décrire ces souvenirs-là… ceux que j’appelle les « vrais » souvenirs. Car les mots que l’on emploie sont ceux d’un
adulte, alors que toutes ces choses qui reviennent dans notre mémoire, n’ont parfois pas de nom… parce que, enfant, on ne le connaissait pas encore…
Alors, ce sont parfois de simples sensations, faites de sons, et d’odeurs.
J’ai réussi quelques fois dans mes écrits, à faire ressurgir ces souvenirs « vrais », et uniquement avec un vocabulaire d’enfant…
J’ai donc eu envie d’aller à la découverte de ce nouveau terrtoire, avec des yeux d’enfant…
Très vite, je ne sais pas bien pourquoi, le souvenir des dessins animés de Walt Disney a refait surface. Après tout, je suis née la même année que Peter Pan, enfin, celui de Walt Disney… Cela
aurait-il un rapport ?
Sans doute puisque les paysages me sont apparus comme ceux de dessins animés.
J’ai voulu alors les peindre avec beaucoup de réalisme, mais tout en gardant une liberté pour certains détails, comme la taille de quelques animaux, ou bien en accentuant des reliefs, pour
souligner telle succession de petits mornes par exemple…
... Et puis, Clochette, qui était cachée dans les feuillages, est venu me présenter ses petites amies
fées… et puis, m’a raconté une histoire… une drôle d’histoire !
Après réflexion, j'ai compris que je ne pouvais pas peindre Clochette avec trop de réalisme. Je voulais qu’elle garde cette image de
personnage imaginaire, de personnage de dessin animé.
Bref, j’ai décidé d’accentuer le trait « BD » pour les fées.
Des petites fées cachées, camouflées dans des arbres au premier plan.
Voilà donc pourquoi j'ai essayé de marier ce style « BD » avec un certain réalisme pour les paysages. Réalisme dans les effets de profondeur
de champ, les ombres, les lumières…
Si chaque paysage est inventé, on croit toutefois reconnaître des endroits particuliers. Parce qu’on y retrouve des détails qui font l’originalité de St-Barth.
Depuis les petites cases, jusqu'aux routes en béton craquelé, on s’y croirait !
En fait, « y croire » est un but à atteindre dans la peinture d’une scène « fantaisiste ». En effet, pour que la « fantaisie », la « fiction », fonctionne, il faut pouvoir y croire.
Alors, si tout est vraisemblable, étrangement, l’esprit accepte d’entrer dans l’imaginaire… Et alors, le style « BD » s’efface, et on se met à croire à ces petites fées… et à les trouver bien
vivantes.
La peinture reste une aventure pour moi, et je n’aime pas me contenter d’exploiter une technique bien rodée.
Bien sûr c’est une prise de risque… Mais c’est sans doute le prix de l’aventure.
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Rémy-Laurent Kraft